À Venise, le logement a un impact important sur l'environnement de la ville, surtout d'un point de vue social. Pour s'y loger sans participer à la casse du parc immobilier résidentiel, voici quelques conseils et bonnes pratiques.
Il n'y a pas que les transports qui ont un impact quand on voyage. À Venise, où l'arrivée d'Airbnb a fait des ravages, c'est assez évident : le nombre de lits touristiques aurait dépassé celui disponible pour les résidents, selon les chiffres de OCIO (Observatoire Civique sur le logement à Venise). Pratiquement pas régulée, la location touristique rend l'accès au logement des locaux extrêmement difficile, créée des emplois précaires (personnel de ménage ou 'check-iniste' travaillant avec le statut d'auto-entrepreneur) et berce la vie des voisins du va-et-vient des valises. Avec la généralisation du logement touristique, les commerces de quartier changent : la pasta-to-go remplace le cordonnier, le dépôt de bagage s'installe là où ferme le primeur. Pourtant, des alternatives vertueuses existent. Nous en avons sélectionné quelques unes.
Cette plateforme propose des chambres ou des logements à louer pour de courtes durées, mais avec une petite différence par rapport aux sites de location classiques. Au moment de réserver, tu payes des honoraires, dont la moitié revient à Fairbnb pour ses frais de gestion, et l'autre moitié à l'association de ton choix. On soutient par exemple l'asso We are here Venice, engagée pour la protection de la lagune, ou Venice Call, un réseau qui promeut l'action volontaire pour impacter la ville et agir sur son environnement.
Inside Venice, c'est un média géré par une équipe de vénitiens à l'attention des visiteurs de leur ville. Créé par une famille d'hôteliers, il promeut la culture locale, propose des expériences authentiques à vivre avec des acteurs vénitiens, et loue des chambres dans trois structures différentes : Hôtel Flora, une charmante pension derrière la place Saint-Marc, Casa Flora et Novecento, appartements qui demandent un séjour minimum de trois jours. En promouvant les commerces locaux, mais aussi en bannissant l'usage du plastique à usage unique dans les chambres, ces trois hôtels amorcent un changement vers une hospitalité plus verte.
Hôtel Flora
Forcément plus écolo, car il ne nécessite ni la construction d'immeubles, ni la conversion de logements en locations touristiques, le camping est un bon moyen de réduire son impact. Cela dit, dans le centre historique de Venise, pas question de planter sa tente, c'est interdit. Pour ça, direction la terre ferme, au camping de Fusina, relié à Venise par les transports en commun. L'avantage, c'est qu'on y dort au bord de la lagune, avec vue sur Venise à l'horizon. Si tu voyages sans tente, tu peux aussi y louer un bungalow, toujours plus écolo qu'une chambre dans les hôtels de Mestre, qui ont poussé comme des champignons cette dernière décennie.
Vue de Venise Camping Fusina
Si Venise s'est construite autour du Grand Canal, la lagune qui l'entoure est un peu sa campagne. Sur les îles agricoles, quelques logements au vert permettent de soutenir une vision plus durable du tourisme. C'est le cas à Sant'Erasmo, île potager où est cultivée une variété locale d'artichauts violets. On dort alors chez Basego, une maison de campagne rénovée en 'agriturismo', du nom italien de ces logements qui conjuguent production agricole et hébergement touristique. Sur l'île de Mazzorbo, reliée à la plus célèbre Burano par un pont, on trouve également un projet vertueux conjuguant vignes, potager et hébergement. Venissa, c'est son nom, comprend deux restaurants, dont un étoilé Michelin qui valorise les produits autochtones de la lagune, un potager, plusieurs vignes sur des îles... pour y dormir, on a le choix entre une chambre au dessus de la petite vigne, et « l'albergo diffuso », hébergement composé de plusieurs chambres disséminées sur l'île de Burano. L'idée est séduisante : au lieu de gonfler la masse touristique qui envahit Burano tous les jours pour la quitter avant le coucher du soleil, on prend le temps de vivre au moins une nuit au rythme de l'île.
On l'a vu, Airbnb a un impact important sur l'accès au logement des vénitiens et n'enrichit que quelques propriétaires (70% des annonces proviennent de profils gérant plusieurs logements, selon les données d'Inside Airbnb). De « shared economy », on est passé à un système qui concentre les locations entre les mains de quelques propriétaires. Si vraiment, tu n'as pas le choix, alors cherches une chambre chez l'habitant, qui ne représentent que 20% des annonces. En effet, dans ce cas, la location peut être un complément de revenu pour le propriétaire, et permettre réellement de partager une expérience. Attention toutefois à ce qu'il s'agisse vraiment d'une chambre chez un résident, car souvent, l'appartement est partagé, mais avec d'autres touristes, tel un B&B maquillé en Airbnb.