Et si voyager autrement voulait dire prendre… le large ? C’est le pari un peu fou – mais très concret – de Sailcoop, la première coopérative de transport de passagers à la voile. Son objectif : offrir, partout où c’est possible, des alternatives décarbonées aux ferries et à l’avion. Dans le 57ème épisode de Je t'offre un rail ?, le podcast qui te rend accro au train, Maxime de Rostolan, fondateur de Sailcoop, nous en dit plus.
Il y a 12 ans, Maxime de Rostolan, ingénieur de formation et entrepreneur militant, décide de ne plus prendre l’avion. Passionné de voile, il se demande comment continuer à voyager sans polluer. « J’ai envie de faire découvrir le monde à mes enfants, mais je n’ai pas envie de le faire avec l’avion. »
À la veille de ses 40 ans, il partage sur LinkedIn un projet resté dans ses cartons : utiliser les bateaux qui dorment dans les ports pour organiser des traversées collectives. « Si on prenait ces bateaux qui traînent au port… On ferait La Rochelle – New York à 40 bateaux, ce serait trop bien ! »
Résultat : 2 000 réponses en 48 heures, dont des profils clés pour lancer le projet.
Dès le départ, tous les professionnels leur disent que c’est « interdit ». Sailcoop dépose un recours gracieux auprès de la ministre responsable des affaires maritimes, puis un référé devant le juge des libertés.
« Si tu ne déranges personne, tu n’es pas en train de changer le monde. Et là, on a clairement dérangé des gens. » - Maxime de Rostolan
Pour les liaisons vers des îles proches (Belle-Île, Porquerolles, Glénan…), Sailcoop conçoit avec VPLP un catamaran innovant : le Sailcoop 61. Léger, rapide, accessible aux personnes handicapées, il peut embarquer 80 passagers. « On est une fois et demie plus léger et on emmène 25 % de gens en plus », explique Maxime.
En 2024, la ligne Concarneau – Glénan transporte 9 000 passagers.
Sur Saint-Raphaël – Calvi (Corse), les voiliers de 50 pieds accueillent 8 passagers et 2 skippers. L’expérience séduit : en 2024, 1 500 passagers, et 1 800 prévus en 2025. Et comme pour le train, le voyage est déjà une expérience en soi :
« 70 % des passagers ont vu des dauphins, 50 % ont vu des baleines. » - Maxime de Rostolan
En 2025, Sailcoop a fait une avancée décisive en collaborant avec des cargos-voiliers comme Neoline pour relier Saint-Nazaire à Baltimore (États-Unis) en 13 jours, avec escale à Saint-Pierre-et-Miquelon ! « La décarbonation prévue est au moins de 70 %. »
En pratique, le voyage se fait à bord du Neoliner Origin, un cargo de 136 mètres propulsé par 3 000 m² de voiles, avec en prime tout le confort à bord (”27m² de cabine pour moins cher qu’une business”, en pension complète, avec balcon privatif de 5m², wi-fi à bord…).
Pas de fonds spéculatifs ici : Sailcoop se finance grâce à ses sociétaires, quelques investisseurs engagés et des prêts bancaires !
« C’est toujours plus rentable de faire 'sale'. Trouvez-moi un contre-exemple. Pour dépasser ça, on a décidé de faire une coopérative, ce qui permet de lever de l'argent auprès de petits porteurs qui ne sont pas des 'investisseurs qualifiés'. » - Maxime de Rostolan
Désormais, le fondateur de Sailcoop veut construire un bateau de 60 passagers pour la Corse, avec deux classes (couchettes et sièges confort) afin de réduire les coûts et démocratiser ce mode de transport.
« L’idée, c’est de pouvoir emmener 60 par 60 les personnes… et être vraiment une alternative modale au ferry et à l’avion. » - Maxime de Rostolan
À Saint-Raphaël, la gare TGV est à 4 minutes à pied du quai ! À Calvi, les passagers peuvent continuer leur voyage en train sur le réseau corse. De quoi allier expérience, convictions et praticité !
Pour Maxime de Rostolan, voyager autrement, c’est aussi voyager moins souvent, mais plus longtemps. Observer des dauphins, dormir pour la première fois sur un voilier, arriver sans bruit dans un port… Sailcoop ne se contente pas de relier deux rives : la coopérative trace une route vers un tourisme maritime plus sobre, accessible et inspirant. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet de Sailcoop !