

Tu aimes t’endormir dans une ville et te réveiller dans une autre ? Tu veux découvrir l’Europe sans prendre l’avion ? Alors tu devrais adorer European Sleeper. Dans le dernier épisode de Je t’offre un rail ? (le podcast qui va te rendre accro au train), Benjamin reçoit Anne Dubost, directrice de la stratégie et du développement commercial chez European Sleeper. Un épisode passionnant où l’on parle modèle coopératif, rentabilité sans subventions, lignes Bruxelles-Berlin puis Bruxelles-Prague, saisonnalité, distribution, matériel roulant, et bien sûr… le très attendu Paris–Berlin. Voici tout ce qu’il faut retenir.
European Sleeper ne ressemble à aucun autre opérateur puisque c’est une coopérative. Créée en 2021 par deux néerlandais passionnés de rail, Chris Engelsman et Elmer van Buuren, sa mission est claire : connecter les villes européennes avec des trains de nuit confortables et accessibles au plus grand nombre.
Financée au départ par ses membres copropriétaires (dont Anne elle-même, qui raconte avoir acheté « deux actions European Sleeper » avant même de postuler), la coopérative s’est rapidement structurée autour d’une équipe internationale d’environ 20-25 personnes .
Contrairement aux grands opérateurs historiques, European Sleeper ne possède pas encore son propre matériel roulant. Anne précise : « On n’est pas propriétaire de wagons, de voitures aujourd’hui ou de locaux, on loue le matériel à des partenaires ».
Pour faire rouler ses trains sans posséder de matériel, la coopérative s’appuie sur :
Un fonctionnement agile, mais aussi complexe, notamment lors du lancement de lignes traversant plusieurs pays.
European Sleeper cultive un lien fort avec ses membres : « On a des membres qui […] nous aident sur le sujet d'achat du matériel roulant […]. On est bien entouré à la fois du côté public […], de la communauté et puis des voyageurs qui sont dans le train. »
Avec déjà 230 000 passagers transportés, la coopérative s’appuie sur :
Un atout majeur dans un secteur où l’innovation dépend énormément de l’écosystème.
La première ligne permanente de la coopérative a été lancée en mai 2023 : trois allers-retours hebdomadaires entre Bruxelles et Berlin. Moins d’un an plus tard, en mars 2024, la ligne est prolongée jusqu’à Prague, toujours à raison de trois allers-retours par semaine, via Amsterdam et Berlin.

© European Sleeper
Progressivement, European Sleeper observe une meilleure occupation. Anne confie que l’entreprise se rapproche de l’équilibre : « On s’en rapproche, on ne l’a pas encore atteint pour être vraiment transparente (…), mais sur les mois de haute saison et moyenne saison, on atteint l’équilibre ». Le vrai défi : les mois de basse saison, où les recettes ne couvrent pas encore les coûts.
Début 2024, European Sleeper a aussi testé une ligne saisonnière Bruxelles-Venise. Elle ne sera pas reconduite, car trop exigeante pour une petite équipe et trop complexe (5 pays traversés).
Mais l’expérience a été formatrice : test de voitures-restaurants, apprentissages opérationnels, nouveaux pays où l’entreprise est désormais candidate à l’accès au réseau, analyse des horaires… Une vraie logique de pilote, assumée.
European Sleeper veut démontrer que le train de nuit peut atteindre l’équilibre économique sans subventions à long terme.
« On veut montrer qu’on peut atteindre l'équilibre économique avec une ligne de train de nuit. Et que du coup, c'est possible d'offrir un service de train de nuit sans subventions nécessaires, en tout cas sans subventions permanentes. » - Anne Dubost | European Sleeper
Certaines lignes, en revanche, ne pourront jamais se passer d’aides publiques (elle cite notamment Paris-Aurillac comme contre-exemple). Mais pour les lignes Bruxelles-Prague ou Paris-Berlin, Anne considère que la rentabilité est atteignable.

© European Sleeper
Le taux de remplissage est déterminant : un train de nuit n’est pas rentable dès le premier mois, la montée en charge prend du temps, et surtout, la haute saison ne compense que partiellement la basse saison, qui reste le vrai point dur.
La distribution est également un levier majeur : leurs billets sont vendus via leur site, mais aussi via Trainline, Omio, la SNCB ou les chemins de fer tchèques.
« Pour nous c'est quand même l'opportunité d'être visible là où les usagers ont l'habitude d'acheter leurs billets. » - Anne Dubost | European Sleeper
Là où Midnight Trains visait une offre premium, European Sleeper propose plusieurs niveaux de confort. Une vision plus “mass market”, accessible et capable d’élargir la clientèle.
« On offre plusieurs classes de confort […]. On s'adresse au petit budget avec des compartiments sièges […] à partir de 30€, et puis après on a les compartiments couchettes et les compartiments voiture-lit. » - Anne Dubost | European Sleeper
Paris-Berlin n’est pas seulement une ligne longue distance : c’est un symbole de la relance du train de nuit européen, un axe stratégique entre deux capitales majeures. Pour Anne, cette ligne coche toutes les cases :
Mais elle insiste : lancer une nouvelle ligne, « ce n'est pas anodin ». Il faut un solide modèle économique, un effort de communication et une montée progressive du taux de remplissage.

© European Sleeper
Alors que plusieurs opérateurs réduisent leurs offres de trains de nuit faute de subventions (Paris-Vienne et Paris-Berlin côté Nightjet, Stockholm–Berlin…), European Sleeper maintient sa feuille de route.
Le message d’Anne est clair : oui, le contexte est difficile et oui, les trains de nuit ont besoin d’un soutien au démarrage ; mais non, ils ne doivent pas dépendre d’aides à vie si l’offre est conçue intelligemment.
European Sleeper veut donc prouver la viabilité du modèle en commençant par les lignes les plus solides, dont la Paris-Berlin !
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En résumé, European Sleeper, c’est une coopérative ambitieuse, agile, lucide sur les défis et convaincue qu’un train de nuit peut être à la fois populaire, confortable et rentable. Bruxelles-Prague n’est qu’un début. Et Paris-Berlin pourrait bien devenir l’une des lignes emblématiques de cette nouvelle génération d’opérateurs qui veulent reconnecter l’Europe… pendant que tu dors.
Pour écouter l’épisode complet avec Anne Dubost, c’est ici. Et pour plus d’épisodes, c’est ici !

Issue du monde de la communication et des médias, Sophie est Responsable éditoriale chez HOURRAIL ! depuis août 2024. Elle est notamment derrière le contenu éditorial du site ainsi que La Locomissive (de l'inspiration voyage bas carbone et des bons plans, un jeudi sur deux, gratuitement dans ta boîte mail !).
Convaincue que les changements d’habitude passent par la transformation de nos imaginaires, elle s’attache à montrer qu’il est possible de voyager autrement, de manière plus consciente, plus lente et plus joyeuse. Son objectif : rendre le slow travel accessible à toutes et tous, à travers des astuces, des décryptages et surtout, de nouveaux récits.

