Photo : © Starline
Aller à Budapest depuis Paris via la ligne “Madrid-Istanbul”, ou à Athènes depuis Lyon via la ligne “Lisbonne-Kiev”, comme on prendrait le métro ? Ça pourrait bientôt être possible. Avec ses 22 000 km de rails, le projet Starline souhaite créer un véritable réseau ferroviaire européen - rapide, fluide et bas carbone - d’ici 2040. Que sait-on sur ce projet ? Comment pourrait-il révolutionner le voyage en train en Europe ? Est-il réaliste ou carrément utopique ? Et pourquoi faut-il le prendre avec des pincettes ? On t’explique tout.
Imagine un réseau de trains qui relierait 39 grandes villes européennes, mais aussi le Royaume-Uni, la Turquie et l’Ukraine, le tout sur 22 000 kilomètres de lignes ferroviaires modernes ! C’est l’ambition du projet Starline, basé à Copenhague.
Starline ne veut pas juste ajouter des lignes : il veut réinventer l’expérience du voyage en train. Autrement dit, ce “métro de l’Europe”, c’est la promesse d’un réseau de trains unifié à l’échelle du continent : simple, lisible et fluide. En clair : adieu les galères de réservation sur trois sites différents, les trains qui ne se ressemblent pas d’un pays à l’autre, et les correspondances floues. Bonjour la simplicité de réservation sur une interface commune, avec des designs harmonisés et une fluidité digne d’un RER continental.
Il va falloir s’armer de patience avant de réserver nos billets : le projet n’en est encore qu’à ses débuts. Mais si tout se passe comme prévu, les premiers trajets pourraient voir le jour d’ici 2040. Autant dire demain, à l’échelle des infrastructures ferroviaires européennes.
Tu trouves le train trop lent par rapport à l’avion ? Les trains Starline seraient jusqu’à 30 % plus rapides que les trajets actuels, et franchement compétitifs face à la voiture ou à l’avion pour des distances moyennes.
L’autre révolution, c’est la fin des frontières ferroviaires. Plus besoin de jongler entre plusieurs opérateurs : le réseau serait coordonné par une seule Autorité ferroviaire européenne (ERA). Fini le casse-tête des correspondances. Tu montes dans un train à Barcelone, tu descends à Cracovie, sans stress.
Starline reposerait sur un système de franchises : les lignes seraient exploitées par les opérateurs nationaux (SNCF, Trenitalia, DB, etc.), mais sous une supervision centralisée. L’idée ? Avoir un modèle hybride, public-privé, pour maximiser l’efficacité tout en garantissant un pilotage commun.
Si le projet fait déjà couler beaucoup d’encre, il est tout de même à prendre avec des pincettes : aucun chantier n’est encore lancé et aucun calendrier détaillé n’a été communiqué. Porté par Starline Group, un cabinet privé basé à Copenhague, le projet n’a aucune validation officielle de l’Union européenne. Pour le faire émerger, il faudra donc beaucoup de coordination politique.
Dans ce contexte, annoncer une mise en service pour 2040 peut sembler très optimiste. Surtout quand on sait que des projets ferroviaires bien plus modestes mettent parfois des décennies à sortir de terre…
Créer une Autorité ferroviaire européenne qui chapeaute 27 systèmes nationaux de transport n’est pas une mince affaire. Chaque pays a ses normes, ses priorités budgétaires, ses enjeux territoriaux… L’unification des réseaux (matériel roulant, signalisation, billetterie) a de quoi faire rêver sur le papier, mais elle représente un défi colossal.
Si le modèle économique proposé repose sur des franchises nationales supervisées par l’Europe, à ce jour, aucun financement concret n’est annoncé. Or, on peut s’en douter, l’investissement pour construire (ou rénover) 22 000 km de rails sera immense. Le financement pose donc question : qui va payer l’addition ? Et comment seront répartis les coûts et les bénéfices entre pays ?
Ce projet, s'il voit le jour, nécessitera de lourds investissements et des travaux considérables qui ne seront pas sans impact sur l'environnement. Il devra donc générer un maximum de report modal pour vraiment nous aider à atteindre nos objectifs climatiques.
Enfin, on peut se demander comment le projet impactera nos expériences de voyage. Comme nous l’ont raconté les nombreux et nombreuses adeptes du voyage bas carbone passés derrière notre micro, apprécier la distance parcourue et le passage des frontières fait souvent partie intégrante du voyage. Aller plus vite et effacer les frontières, c’est séduisant sur le papier. Mais à trop lisser l’expérience, ne risque-t-on pas de perdre une partie de la magie du voyage ?
Quoi qu’il en soit, le projet n’a sans doute pas fini de faire parler de lui. À suivre de près, donc…
Et pour ne rien rater des nouveautés autour du voyage bas carbone, n’hésite pas à t’abonner gratuitement à notre newsletter (une Locomissive toutes les deux semaines dans ta boîte mail pour faire le plein d’inspiration et de bons plans) :