Pendant quatre ans, Thibault Constant, créateur de la chaîne YouTube Simply Railway et ancien cheminot, s’est lancé un défi fou : tester tous les trains de nuit d’Europe. Pas toutes les lignes, mais toutes les compagnies, dans tous les types de confort possibles — de la simple place assise aux voitures-lits les plus haut de gamme.
« J’avais envie de pouvoir dire : j’ai fait tous les trains de nuit d’Europe. Alors j’ai pris une carte, j’ai tracé un itinéraire… et je suis parti. »
Ce marathon ferroviaire, entamé en 2019 et achevé à l’automne dernier, lui a demandé environ six mois de voyage en cumulé, répartis sur plusieurs années. Une aventure qu’il a documentée en vidéo pour sa chaîne YouTtube qui réunit des dizaines de milliers de passionnés. Dans le 58ème épisode de notre podcast “Je t’offre un rail ?” (le podcast qui va te rendre accro au train), il nous raconte ce défi fou et nous donne son palmarès, des meilleurs aux pires élèves en Europe.
On peut dire que Thibault Constant est tombé dans la marmite du train quand il était petit. Enfant, il le prenait régulièrement pour aller voir sa famille dans le sud de la France. Cheminot de cœur, il a d'abord été ingénieur chez SNCF Voyageurs, puis chez Alstom, avant de se consacrer pleinement à sa chaîne YouTube pour vivre de sa passion.
Après la publication d’un premier livre, “Trains de nuit, 30 trajets inoubliables en Europe” aux éditions Gallimard, il va aujourd’hui encore plus loin : à 28 ans, il vient de lancer avec Janek Smalla sa propre compagnie de train de nuit, Nox, dont on te parle dans cet article !
Le projet a débuté en août 2019, avec un grand tour d’Europe grâce à la carte FIP (réductions cheminots). Il a été achevé à l’automne 2024, après un dernier sprint d’un mois et demi pour compléter les compagnies manquantes et refaire ses coups de cœur. Au total, Thibault a passé environ 6 mois de voyage sur les rails en cumulé, documenté en détail sur sa chaîne YouTube.
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La France a bien failli rejoindre le banc des mauvais élèves. Entre 2017 et 2021, il ne restait plus que deux lignes : Paris–Briançon et Paris–Toulouse (via La Tour-de-Carol). « C’était l’hécatombe… et ça a été sauvé de justesse après le Covid. »
Depuis, plusieurs lignes ont rouvert, soutenues par des subventions de l’État. Des rénovations ont prolongé la vie des rames existantes (« on a botoxé d’anciennes rames »), même si leur âge entraîne encore des retards.
Les prix restent attractifs : « Ce soir je fais Paris–Saint-Raphaël en couchette, 44 € aller-retour en couchette seconde classe… C’est très compétitif ! »
Thibaut déconseille toutefois la place assise pour un trajet complet : « C’est toujours une nuit perdue… mieux vaut payer 10 € de plus pour une couchette. »
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Thibault a du mal à n’en choisir qu’un seul, mais deux lignes se distinguent nettement selon lui :
En Angleterre, cette configuration est la norme, ce qui garantit un confort et une intimité rares.
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Thibault le répète : sans l’Europe centrale et la vision des Autrichiens (avec la compagnie ÖBB), le train de nuit n’aurait peut-être pas survécu.
« Sans eux, il n’y aurait pas de Nightjet à Paris ou Bruxelles aujourd’hui. Ce sont les seuls qui y ont cru et n'ont pas abandonné, ils ont misé sur le train de nuit au moment où plus personne n'y croyait - et c'était avant le Covid - et ils ont été visionnaires ! »
Pour pérenniser ce renouveau, il mise sur :
Quoi qu’il en soit, le tour d’Europe de Thibault Constant prouve que le train de nuit a encore de beaux jours devant lui… à condition de miser sur le confort, la régularité et des prix attractifs. L’Italie, la Finlande et l’Autriche montrent la voie, tandis que la France tente de revenir dans la course. Et si l’avenir du voyage bas carbone passait par le plaisir de se laisser bercer toute la nuit… pour se réveiller, déjà arrivé ?