Photo : générée par IA
C’est officiel : un nouvel acteur veut rebattre les cartes du rail transmanche. Déjà présent dans l’univers ferroviaire via la vente de billets sur son appli, Uber s’associe à la start-up britannique Gemini Trains pour lancer « Uber Trains by Gemini ». Concrètement ? Des liaisons Transmanche (Londres–Paris/Bruxelles/Lille) pour briser le monopole d’Eurostar et démocratiser l’accès au Transmanche via l’appli Uber. Les premiers trains, annoncés pour 2029, partiraient de Stratford International, avec un arrêt stratégique à Ebbsfleet. Derrière l’effet d’annonce, sa validation dépendra de la levée de verrous réglementaires, financiers et techniques... On t’en dit plus.
Depuis quelques jours, la nouvelle fait beaucoup de bruit : Gemini Trains a conclu un partenariat avec Uber. Et la startup ne cache pas ses ambitions : multiplier les fréquences, baisser les prix et élargir l’accès au rail entre le Royaume-Uni et l’Europe. De son côté, Uber apporte sa notoriété et son app utilisée par des millions d’utilisateurs, pour rendre la réservation aussi simple qu’un trajet VTC.
Le projet entend relier Londres et Paris, Londres et Bruxelles (avec arrêt à Ebbsfleet), et à terme s’étendre jusqu’à Lille et Cologne. Objectif : offrir une alternative crédible et compétitive aux millions de passagers transmanche chaque année.
Actuellement, Eurostar domine les liaisons ferroviaires transmanche. Pour la startup Gemini, cette situation de monopole engendre des prix élevés et une offre limitée. Uber Trains by Gemini se présente donc comme l’“antidote” : plus de choix, plus de souplesse, et une alternative bienvenue pour les voyageurs.
Avec Stratford International comme terminus, Gemini mise sur une gare mieux connectée à l’Est londonien (Elizabeth Line, Overground, DLR), capable d’attirer de nouveaux flux de voyageurs. L’arrêt à Ebbsfleet - une gare inutilisée pour l’international depuis 2020 et dotée de grands parkings - vise quant à lui une clientèle en voiture depuis le Kent. Deux positions stratégiques pour élargir le marché au-delà du public traditionnel d’Eurostar.
Le partenariat prend la forme d’un co-branding : tout comme l’“Uber Boat” à Londres, ces nouveaux trains porteront la marque Uber. Les billets seront réservables directement dans l’appli Uber, renforçant l’idée d’un guichet unique pour la mobilité.
Le plan prévoit l’acquisition de dix rames modernes destinées à circuler dans le tunnel sous la Manche et conçues pour proposer des services confortables et à tarifs compétitifs. Mais en pratique, leur financement reste incertain, et certains experts soulignent que Stratford nécessiterait des adaptations pour accueillir des flux internationaux.
Le lancement des services est annoncé autour de 2029 à 2030. Pourtant, il n’est aujourd’hui qu’au stade de la proposition : tout dépendra de la validation du régulateur (Office of Rail and Road), du financement, de l’acquisition du matériel roulant et d’une éventuelle adaptation des infrastructures. Certains analystes du rail, comme Jon Worth, se sont montrés sceptiques :
« On pourrait faire un arrêt pour les trains du tunnel sous la Manche à Stratford, mais commencer/terminer là-bas semble impossible en raison de la configuration des voies. Les quais ressemblent à des bunkers en béton et la capacité du terminal est inconnue. Je reste donc sceptique. » - Jon Worth, sur BlueSky
Stratford International n’a jamais accueilli de flux internationaux : les contrôles aux frontières, les aménagements de quais et les espaces voyageurs devront être totalement repensés. Certains analystes soulignent que les infrastructures actuelles ne sont pas adaptées à un trafic transmanche régulier.
En résumée, une ambition XXL pour des obstacles tout aussi grands : Uber Trains by Gemini reste à ce stade un pari audacieux plutôt qu’une certitude, et la route vers 2029 s’annonce semée d’embûches (financement, matériel roulant, infrastructures, autorisations…). Reste que cette annonce témoigne d’une chose, le rail international est désormais un terrain de jeu où start-up et géants du numérique veulent s’inviter.
À suivre de très près dans les mois à venir ! Pour ne manquer aucune actu voyage bas carbone, n’hésite pas à t’abonner gratuitement à notre newsletter bimensuelle (un jeudi sur deux dans ta boîte mail) :
Issue du monde de la communication et des médias, Sophie est Responsable éditoriale chez HOURRAIL ! depuis août 2024. Elle est notamment derrière le contenu éditorial du site, la page Linkedin du média, ainsi que La Locomissive (de l'inspiration voyage bas carbone et des bons plans, un jeudi sur deux, gratuitement dans ta boîte mail !).
Convaincue que les changements d’habitude passent par la transformation de nos imaginaires, elle s’attache à montrer qu’il est possible de voyager autrement, de manière plus consciente, plus lente et plus joyeuse. Son objectif : rendre le slow travel accessible à toutes et tous, à travers des astuces, des décryptages et surtout, de nouveaux récits.