Tu rêves de découvrir l’Asie mais tu aimerais éviter l’avion ? Anissa, photographe et créatrice de contenu (@6nissa sur les réseaux), a relié Paris au Laos en train (et un peu en bus) ! Pour pousser l’expérience du voyage bas carbone jusqu’au bout, elle a réalisé un long périple en train à travers l’Europe, le Caucase, l’Asie centrale puis l’Asie du Sud-Est. Un mode de transport qu’elle affectionne particulièrement : « J’ai l’impression qu’il y a un espèce de truc limite poétique dans une gare, j’aime le voyage dans le voyage ».
Après ce voyage en mode slow travel, elle a choisi un retour express (sans avion toujours) en 29 jours pour assister à la Conférence des Nations Unies sur l’océan, à Nice. Deux rythmes très différents mais un même fil conducteur : son engagement écologique et son envie de voyager autrement.
Dans le 59e épisode de Je t’offre un rail ? (le podcast qui va te rendre accro au train !), elle nous raconte la genèse et la logistique de ce projet unique, ses plus belles rencontres durant le voyage (notamment en Turquie), son vécu en tant que femme seule sur la route…
À Istanbul, une discussion en train de nuit la mène vers un village de la région de Muğla (côte égéenne), où des habitants luttent contre un projet industriel. « C’est pas vraiment un festival, c’est un truc un peu militant, un village qui s’appelle Deştin dans la province de Muğla ». Sur place, l’accueil est inoubliable : « Au final, j’ai passé trois, quatre jours dans ce village et on a créé des liens exceptionnels ».
Sa route se poursuit vers la Géorgie puis à travers le Kazakhstan. Anissa y découvre une autre façon de voyager la nuit : wagons ouverts, couchettes superposées, montées à toute heure. « Je me sens beaucoup plus en sécurité au Kazakhstan, un énorme dortoir, je préfère largement ça plutôt qu’une cabine fermée ». Mais la réalité du train de nuit, c’est aussi l’imprévu : « Être dans son lit à 3h du matin et avoir quelqu’un qui débarque ».
Partie en septembre 2024, Anissa atteint le Laos en un mois et demi, puis file vers la Thaïlande, le Cambodge et la Malaisie — souvent par la route hors de Thaïlande, faute de réseau ferré continu. « Ça m’a pris un mois et demi, ensuite, j’ai fait le tour Laos, Thaïlande, Cambodge, Malaisie plutôt en bus ».
Elle écourte finalement pour un événement marquant : « J’ai été invitée à la conférence des Nations Unies sur l’océan. C’est la troisième édition, et ça se passait à Nice ».
Son année sur les rails se déroule autour d’un rapport sensible, presque “poétique”, aux gares et aux paysages qui défilent par la fenêtre. « Dans les gares, on est dans des lieux de transit, de retrouvailles… J’aime le voyage dans le voyage.»
Anissa n’édulcore pas son récit : en octobre, au début du périple, une agression au fond d’un bus en Géorgie la cloue à l’hôtel plusieurs jours. « Suite à ça, je suis restée bloquée à l’hôtel pendant trois jours ». Une expérience qui a teinté son voyage et l’a réellement marquée.
Mais son message est clair : « Ce n’est évident de voyager seule en tant que femme. Mais ce n’est pas une raison pour se limiter et se restreindre ! On est plus exposées que les hommes, c’est un fait. Mais ce serait injuste de se bloquer pour ça, et il peut nous arriver la même chose à 4 heures du matin à Paris ».
Si les cabines fermées peuvent stresser, les grands dortoirs ouverts d’Asie centrale la mettent paradoxalement plus à l’aise : « Je préfère un endroit où tout le monde dort avec tout le monde, plutôt qu’une cabine fermée ».En France, elle rappelle l’intérêt des options “cabines femmes” et de la possibilité de verrouiller, quand c’est proposé.
Initialement, l’axe Russie-Mongolie-Chine était envisagé. Mais, suite aux inquiétudes de ses proches, à un mois du départ, elle rebâtit tout l’itinéraire via les Balkans, la Turquie, la Géorgie et le Kazakhstan : « Un mois avant, j’ai tout changé. C’était beaucoup de stress mais ça s’est bien goupillé ».Côté tempo, elle nuance : « Ça m’a pris un mois et demi, mais je pense que c’est faisable en trois semaines ».
Anissa encourage à poursuivre ses rêves, mais préparée : « Pour rien au monde, je dirais aux femmes de mettre leurs rêves de côté. Mais il faut partir en connaissance de cause et surtout préparée ».
Des gestes simples peuvent faire la différence : « Assieds-toi toujours près du conducteur, reste toujours proche des gens… ». Sans oublier la solidarité féminine : « Ça m’a fait un bien fou de rencontrer des femmes après mon agression. »
Avec l’expérience, elle privilégie des configurations où elle se sent bien : « Quand je dors en hostel, je prends que dortoirs féminins » — sans oublier l’argument taquin : « C’est con, mais (les hommes) vous ronflez trop ».
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Issue du monde de la communication et des médias, Sophie est Responsable éditoriale chez HOURRAIL ! depuis août 2024. Elle est notamment derrière le contenu éditorial du site, la page Linkedin du média, ainsi que La Locomissive (de l'inspiration voyage bas carbone et des bons plans, un jeudi sur deux, gratuitement dans ta boîte mail !).
Convaincue que les changements d’habitude passent par la transformation de nos imaginaires, elle s’attache à montrer qu’il est possible de voyager autrement, de manière plus consciente, plus lente et plus joyeuse. Son objectif : rendre le slow travel accessible à toutes et tous, à travers des astuces, des décryptages et surtout, de nouveaux récits.