

Avec ses petits prix attractifs, ses rames très remplies et son positionnement low cost assumé, OUIGO a profondément changé les habitudes de déplacement en France.
Mais derrière ces billets à 10, 20 ou 30 euros se cache une équation complexe : proposer un train à bas prix, mais sans renoncer à la qualité du service ni au modèle économique. OUIGO est-il pour autant une version "au rabais" du TGV, ou une véritable porte d’entrée vers une mobilité bas carbone accessible au plus grand nombre ?
Pour répondre à ces questions, Benjamin a tendu le micro de notre podcast Je t’offre un rail ? (le podcast qui va te rendre accro au train) à Jérôme Laffon, directeur général de OUIGO.
Jérôme Laffon assume le terme : « C’est du low cost qu’on assume comme tel. (...) On se définit plutôt comme smart coaster, c’est-à-dire qu’on n’a pas envie de brader la qualité de service. »L’idée fondatrice : rendre la grande vitesse accessible au plus grand nombre, mais sans tomber dans un modèle où l’ensemble de l’expérience serait dépendante des options.
Pour permettre ces tarifs, deux leviers structurants sont essentiels :
1. L’exploitation maximale du matériel :
« La rame OUIGO est maintenue la nuit, ce qui lui permet de circuler le plus possible dans un roulement qui est très intensif », explique Jérôme Laffon.
2. Un taux de remplissage très élevé :
« Un OUIGO à moitié plein, ce n’est pas rentable pour nous. »
C’est la raison pour laquelle OUIGO n’opère que sur les destinations dont la demande potentielle permet de remplir les trains.
Si OUIGO repose sur un système d’options, leur poids reste mesuré : « Les options représentent entre 6 et 10 % de notre chiffre d’affaires, là où certains opérateurs low cost aériens sont plutôt à 30 ou 40 %. »
L’approche repose donc sur une logique simple : un prix d’entrée attractif, des options choisies, et non imposées.
OUIGO n’est pas remboursable, mais reste échangeable. Pour aller plus loin, l’opérateur a lancé un service inspiré de l’économie circulaire : « OUIGOSWAP permet à un client de remettre son billet sur une plateforme et, si quelqu’un le rachète, il récupère 80 % du prix initial. »
Une innovation rare dans le ferroviaire français.
Au-delà du prix, OUIGO revendique un rôle concret dans la décarbonation des mobilités :
« La moitié de nos clients n’auraient pas pris le train s’il n’y avait pas eu OUIGO », souligne Jérôme Laffon.
Parmi eux, environ 20 % n’auraient pas voyagé, et 30 % se seraient tournés vers la voiture, l’avion, le bus ou le covoiturage.
Depuis son lancement : « 80 millions de voyages ont basculé de l’aérien ou de la route vers le train. » Et la dynamique continue : « En 2024, c’est 25 millions de voyages. »
Qu’il s’agisse de grande vitesse ou de l’offre OUIGO Train Classique, les rames fonctionnent à l’électricité :
« Le train, c’est 3 grammes de CO₂ par voyageur-kilomètre. La voiture électrique, c’est autour de 50-60, la voiture thermique 100, et l’avion 260. » - Jérôme Laffon
Avec déjà plus de 160 millions de voyages depuis sa création, OUIGO est devenu un levier concret de report modal en France et en Espagne.
Pour accompagner cette croissance, OUIGO investit dans une nouvelle génération de rames intégrant notamment : une capacité augmentée, des prises individuelles, un espace relax, des crochets vélo, un vitrage optimisé et un système de recyclage d’eau.
Certaines fonctionnalités restent en test : « La restauration à bord coûte cher. Je ne suis pas sûr que l’équation soit soluble pour OUIGO. »
En résumé, OUIGO n’est ni un TGV « au rabais », ni un gadget marketing. C’est un modèle ferroviaire structuré, pensé pour attirer de nouveaux voyageurs vers une mobilité bas carbone. En assumant son ADN low cost tout en cherchant un équilibre avec l’expérience client, la marque a réussi à modifier durablement les usages.

Issue du monde de la communication et des médias, Sophie est Responsable éditoriale chez HOURRAIL ! depuis août 2024. Elle est notamment derrière le contenu éditorial du site ainsi que La Locomissive (de l'inspiration voyage bas carbone et des bons plans, un jeudi sur deux, gratuitement dans ta boîte mail !).
Convaincue que les changements d’habitude passent par la transformation de nos imaginaires, elle s’attache à montrer qu’il est possible de voyager autrement, de manière plus consciente, plus lente et plus joyeuse. Son objectif : rendre le slow travel accessible à toutes et tous, à travers des astuces, des décryptages et surtout, de nouveaux récits.

