

Une correspondance disparaît, un train qui est supprimé sans prévenir, un retard qui transforme un trajet simple en marathon logistique… Si tu prends souvent le train, tu as déjà connu ça (des situations que nos amis allemands connaissent tout particulièrement).
Maintenant, imagine l’inverse : un pays où les trains arrivent à la minute près et où les correspondances fonctionnent comme une chorégraphie. Ce pays existe, et il n’est pas sur un autre continent : il est juste à côté de la France. Bienvenue en Suisse, véritable référence ferroviaire européenne. Chez HOURRAIL!, on s’est posé une question simple : comment la Suisse est-elle devenue un modèle mondial du rail ?
C’est exactement ce qu’on t’explique dans cet article. Et si tu veux vivre cette enquête en immersion, on t’invite à regarder notre décryptage en vidéo :
La Suisse devient un État fédéral en 1848. À cette époque, le pays ressemble davantage à un puzzle : 26 cantons, des cultures régionales fortes, et quatre langues. Construire une unité nationale est un défi, et le rail apparaît comme l’outil idéal.
Mais un obstacle majeur se dresse : les Alpes. Créer un réseau ferré dense sur un territoire montagneux paraît presque irréalisable. Pourtant, dès 1847, une première ligne ouvre entre Zurich et Baden : 23 kilomètres symboliques, mais fondateurs.
Dans les années qui suivent, des investisseurs privés, notamment étrangers, se lancent. Le réseau s’étend rapidement mais dans une logique parfois chaotique, orientée rentabilité. Puis, à la fin du XIXᵉ siècle, les compagnies fusionnent et se renforcent… jusqu’à ce que l’État rachète progressivement le système pour en faire, en 1902, les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF).
Contrairement à d’autres pays européens, cette nationalisation ne crée pas un monopole centralisé. Des dizaines de compagnies régionales continuent d’exister, souvent financées par les cantons. Ce modèle hybride va devenir l’un des piliers du succès suisse.
L’histoire ferroviaire suisse ne serait pas complète sans ses prouesses techniques. L’exemple mythique : le tunnel du Saint-Gothard, inauguré en 1882, alors tunnel ferroviaire le plus long du monde. Aujourd’hui, la version moderne mesure 57 km. Un record européen et un symbole.
En Suisse, les trains fonctionnent comme un métro national. Un train de 14h04 partira aussi à 15h04, 16h04, etc. Les correspondances sont minutieusement coordonnées. Résultat : moins de stress, moins de retards, plus de prévisibilité.
Chaque jour, environ 93 % des trains arrivent à l’heure. La ponctualité est presque culturelle : même les horloges de gare sont conçues pour synchroniser le départ des trains à la seconde près.
Pas de fermeture massive de petites lignes comme ailleurs. Ici, les cantons défendent leur réseau local, car il garantit l’accès aux vallées et zones isolées.
Résultat : l’un des réseaux les plus denses du monde, et une population massivement équipée de titres de transport (demi-tarif, abonnement général, Swiss Travel Pass…).
En Suisse, les grands projets ferroviaires passent par référendum. Et souvent, la population vote oui, même quand il s’agit de financer de taxer les poids lourds pour développer le ferroutage.
L’Initiative des Alpes en 1994 en est l’exemple emblématique : une volonté collective de protéger le paysage et de privilégier le rail au transport routier.
En Suisse, prendre le train ne sert pas seulement à se déplacer : c’est un voyage en soi. Tunnels en spirale, viaducs vertigineux, lignes panoramiques…
Parmi les exemples célèbres :
De quoi faire de chaque trajet une expérience à part entière.
La Suisse est aujourd’hui l’un des systèmes ferroviaires les plus performants au monde. En 2024, Transport & Environment la classe deuxième en Europe. Son modèle inspire l’Italie, l’Autriche, le Japon, et même certaines lignes françaises (notamment via l’horaire cadencé) !
Le modèle suisse n’est pas parfait : les billets peuvent paraître chers, les infrastructures coûtent cher à entretenir et le système reste complexe. Mais il démontre une chose essentielle : lorsque le rail est conçu comme un service public stratégique, financé sur le long terme et soutenu par la population, il devient une solution logique, populaire, et massivement utilisée. En Suisse, le train fait partie de la culture, au point que certains voyageurs lui donnent un nom : les pendulaires.
Pour le reste de l’Europe, ce modèle est à la fois une source d’inspiration et un défi. Et pendant que les pays cherchent encore la bonne recette, la Suisse continue d’avancer… Souvent avec une minute d’avance.
Pour aller plus loin, n’hésite pas à aller voir notre reportage vidéo complet sur place avec Tolt, ainsi que nos articles sur les trains panoramiques Suisse ou notre guide de la Suisse !

Issue du monde de la communication et des médias, Sophie est Responsable éditoriale chez HOURRAIL ! depuis août 2024. Elle est notamment derrière le contenu éditorial du site ainsi que La Locomissive (de l'inspiration voyage bas carbone et des bons plans, un jeudi sur deux, gratuitement dans ta boîte mail !).
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